[Test] Grim Fandango Remastered (Vita)

Au département des morts (DOD en VO, référence au département de la défense américain), Manuel Calavera alias Manny n'a pas vraiment la cote. Ayant peu de chance de son vivant, il se retrouve coincé entre le monde des vivants et l'au-delà, avec l'obligation de travailler pour enfin pouvoir s'offrir le repos éternel. Commercial pour une agence de voyages de la planète Terre vers le monde des morts, les dossiers que son patron lui affecte ne sont pas du tout rentables... Et pourtant Manny aurait bien besoin de bons clients pour récupérer sa liberté et partir lui aussi vers le royaume des morts. Assis dans son bureau, il reçoit alors un télégramme lui annonçant une intoxication générale dans le monde des vivants. Pas une minute à perdre !

Bienvenue dans l'univers issu de l'imagination débordante de Tim Shafer. Ce classique du point n'click revient de l'au-delà numérique avec un portage sur PlayStation 4 et PlayStation Vita. Tenté par cette aventure au pays des morts ? Lisez notre test !

Toujours os-si incroyable

Le carnaval bat son plein dans la ville d'El Alamoual

Il est toujours difficile de tester une oeuvre aussi accomplie, encore plus quand il s'agit de la critiquer quinze ans après sa sortie. C'est un peu comme si on demandait à un amateur de photo d'effectuer une critique du travail de la Joconde. J'essaierai donc de répondre à la question : qu'est ce qui fait de Grim Fandango un chef d'oeuvre ? La première des qualités qui caractérise Grim Fandango c'est certainement l'originalité de son thème. L'univers graphique est inédit, à base de costumes cravates, de jazz feutré et de clopes fumantes. Il décrit une ville mexicaine au design typé cartoon, baignant dans une ambiance à mi-chemin entre le "Black Dahlia" et les films de Tim Burton, le tout mâtiné de mythologie aztèque. Côté personnages, on incarne un squelette en smoking, version mortuaire d'un antihéros banal mais attachant. Antihéros auquel le joueur peut s'identifier facilement tant ses liens sociaux sont, eux, réalistes : un collègue rival, un patron excessivement imbuvable, une secrétaire mignonne et bécheuse, et des clients chieurs, mais surtout exigeants.

La mise en scène cinématographique est soignée

Fantaisie de Tim Shafer oblige, la cohérence de cette description sociale est cassée par des fanfrelucheries 100% WTF qui vont transformer la banalité de cette situation en poésie touchante et onirique. Sans aucun spoiler : c'est par exemple le personnage de Glottis : un démon, employé comme mécanicien automobile, qui se paye un look de peluche géante. On pensera aussi aux chats à taille humaine que l'on peut chevaucher, ou encore au système de distribution de courrier à base de tubes sous vide... Mais ce sont surtout les énigmes, tordues à souhait (un aspect souvent reproché comme un défaut), qui demandent au joueur toute son intelligence pour savoir quoi faire d'une carte perforée, d'un coyote confectionné en ballons par un artiste clown, ou du dentier d'un squelette. Je laisse le soin aux screenshots de décrire comment toutes ces idées ont pris forme dans le jeu. On appréciera les angles de vue incroyables, les couleurs chatoyantes, et surtout l'improbable mélange entre surréalisme et film noir. La réalisation globale a été méticuleusement peaufinée pour l'époque : par exemple quand Manny se déplace dans la rue, le bruit de ses pas est différent selon s'il marche sur une plaque d'égouts ou sur le bitume, lorsqu'il évolue dans le garage, les sons se révèrbèrent subtilement... Mention spéciale pour la traduction et les doublages français qui sont tous deux d'excellente qualité, grâce à un casting irréprochable parmi la crème des acteurs français. Pour l'anecdote la voix de Hector n'est autre que la voix française de Pumba (le Roi Lion).

Authentique mais pas os-tère

Le héros qui cloppe, symbole des 90's ?

Tout cela pour rappeler combien Grim Fandango est unique en son genre. Reste la question de la qualité du portage. Tout d'abord, il faut savoir que le jeu est disponible sur PlayStation 4 et Vita et supporte le cross-buy, ainsi que le cross-save. Pour 15€, vous pourrez donc bénéficier des 20 heures de l'aventure sur les deux supports, ce qui est plutôt sympa (rappelons que ce n'est pas toujours le cas). Ce remaster s'est concentré sur l'essentiel, afin de restituer le jeu original de la manière la plus fidèle qui soit. Seules quelques fonctionnalités ont été ajoutées. Une option de lissage (pas flagrant sur Vita), un support du 16:9, un remaniement des contrôles et c'est tout, car le jeu de 1998 était suffisamment agréable visuellement pour ne pas nécessiter une refonte complète comme ce fut le cas pour les Monkey Island par exemple. La recette fonctionne toujours et j'avoue avoir été ému en re-découvrant les bureaux du département des morts, 15 ans plus tard... J'ai été ravi également de constater qu'un trophée platine était disponible ! Mais le meilleur ajout de ce portage est certainement l'adjonction des commentaires audios des créateurs, offrant des explications et des anecdotes sur chaque scène du jeu (il suffit de presser la gachette gauche pour déclencher le commentaire). Entre anecdotes techniques et vannes entre développeurs et graphistes, j'ai trouvé ces commentaires audios funs et bienvenus.

Conclusion

Je ne vous révèlerai rien en disant que Grim Fandango reste un jeu excellent. Le travail de modernisation remplit son rôle en restant fidèle à l'oeuvre d'origine. Gameplay old-school remis au goût du jour et énigmes garanties 100% prise de tête (internet et ses soluces sont heureusement là) : Grim Fandango compte toujours parmi les références du jeu d'aventure. Son scénario, métaphore humoristique de la vie professionnelle avant la retraite, n'a pas pris une ride. Et grâce à une réalisation d'orfèvre, j'étais surpris de constater que la magie opère toujours malgré les graphismes et les sons d'époque. Cette mouture étant proposée à un prix abordable sur le store PSN, il n'y a vraiment aucune excuse pour passer à côté de ce petit bijou.

On aurait aimé :

Une compatibilité PS3

On aime :
Son ambiance, unique!

Les commentaires des réalisateurs

La qualité de ses doublages Fr
Son prix sympa