Bah alors, tu faisais quoi ?
Six mois sans blogguer. C'est une longue période qui aurait pu être synonyme de vacances mais qui reflètent en réalité des moments intenses, dans d'autres domaines que le jeu vidéo et l'écriture. Cette phrase pourra faire sourire certaines personnes, mais être un gamer acharné est une activité qui peut être épuisante ! Chasser les platines, se faire un avis sur tous les jeux qui sortent, finir les titres qui trainent dans notre backlog plutôt que les survoler... On a beau être sélectif et passionné : tenir un blog ou une chaine youtube sur le jeu vidéo est en 2020 un investissement personnel difficile à porter entre manque de sommeil, perte de motivation, désillusions et questionnement social. Une partie de la France semble partir à la dérive, et j'ai le sentiment que le monde autour de moi commence à s'effriter : incivilités quotidiennes en centre-ville, transports en commun charcutés par les grèves, catastrophes écologiques ignorées par le monde de l'économie, et plus récemment les restrictions des déplacements liées au virus : le temps pour le jeu est devenu pour beaucoup de personnes, une sorte de luxe lointain. L'envie de se poser pour rédiger une analyse ou un avis construit sur une oeuvre vidéoludique devient une action dont certain douterons du sens que cela peut avoir au milieu du contexte actuel. Les batailles pour remplir un chariot de papier toilette, les consommateurs du supermarché qui se chamaillent pour le dernier paquet de farine du rayon ont étouffé mon énergie et mon envie de communiquer. Les crises récentes m'ont ouvert les yeux sur des gens que je trouvais autrefois marrants sur les réseaux sociaux et qui ont révélé leur face la plus sombre, entre intolérance, jugement hâtif, et égocentrisme blessant. Mes propos peuvent sembler naïf tant il est devenu banal que le moindre inconnu impose ajourd'hui son point de vue avec véhémence sur la liberté de penser des uns et des autres (au hasard la vitesse sur la route, les vaccins, le montant du RSA, ou la puissance de la PlayStation 5). Néanmoins, Facebook n'a pas toujours été un repère à blagues de boomer, et Twitter a déjà été autre chose qu'un outil d'expression de l'"Internet shouting factory". La vie continue cepandant, et avec plus ou moins de difficulté, on arrive à regarder du bon côté, nettoyer sa TL, se recentrer autour de nos proches, éteindre les news, ouvrir les yeux, respirer, vivre, jouer.
Et du coup, tu abandonnes le jeu vidéo ?
Non. J'ai juste réduit les doses. Fini l'heure de Vita tous les matins avant de partir au taf. Exit le projet d'achat de l'écran 4K. Goodbye les soirées jusqu'à 3h du mat pour chercher un objet ou cumuler des points virtuels sur un jeu multijoueur. Ces derniers mois ont donné lieu à un ménage dans ma vie numérique. Oui, je vis ça comme un moment positif. Savourer l'envie de jouer, profiter à fond des jeux qui nous font vibrer, écouter ses envies, supprimer du disque dur ces jeux que l'on apprécie finalement qu'à moitié. Ces derniers mois ont été l'occasion pour moi de :
- parfaire ma (fébrile) technique de pilotage sur
Gran Turismo Sport dont je ne me lasse toujours pas (merci le
Fanatec + chassis Simétik)
- tester ma résistance au motion sickness en terminant les folles courses de
Trackmania avec cet accessoire de ouf qu'est le
PlayStation VR et dont je vous présentais l'
unboxing du méga pack ici
- faire n'importe quoi dans le débile mais excellent open world Goat Simulator (offert sur le PlayStation+ au mois de février)
- Me refaire
Journey, un jeu très court mais magnifique,
offert par PlayStation durant le confinement (avec Uncharted Trilogy)
- me ronger les ongles en essayant de découvrir toutes les fins de
Erica, un thriller interactif en FMV
- jouer à deux AAA qui s'inscrivent particulièrement bien dans l'actualité
Ces deux derniers jeux appartiennent à la catégorie des coups de coeur, ceux dont je parlerai dans vingt ans pour se souvenir de la PS4, ceux qui occupent les soirées du quotidien et qui donnent envie de raconter ses aventures le lendemain quand on croise les collègues!
Un zeste d'innocence
Dans ce monde de brutes, j'ai reçu une bonne bouffée d'air frais en m'intéressant au destin de la frangine et du petit frangin de
A Plague Tale, qui perdent leur parents en pleine infection de peste durant le moyen âge. On ne sait pas trop ce que le petit à voir dans cette affaire, mais le scénario habilement distillé m'a tenu en haleine jusqu'au bout. Est-il un vecteur de la maladie ? En est-il la cause malfaisante de ce fléau qui frappe le monde de plein fouet ? Entre mysticisme, histoire et dogme religieux, les énigmes passent agréablement bien. Le jeu est plutôt du genre facile et pas trop long, sans forcément me donner l'impression d'être considéré comme un demeuré. Bien que vanté par la presse pro, j'ai été déçu par les graphismes, fort mignons mais
pas très fins quand ça bouge, même sur PS4 Pro. Du coup voilà, je n'ai pas rédigé de test, et je lui aurais collé un bon 4 sur 5 parce que bon voilà, j'ai toujours été un peu sévère sur mes notations. De toutes manières le sujet a été couvert mille fois par les autres médias depuis que j'y joue. Si vous n'avez toujours pas mis la main dessus, foncez, chopez le de préférence en démat, comme ça vous ne mettrez personne en danger et en plus il est à 15€ avec les
promos de printemps, qui seront peut être les 15 meilleurs euros que vous dépenserez cette année.
"Les livreurs le détestent, découvrez son secret!"
Ma came la plus addictive de ces derniers mois, c'est certainement
Death Stranding. Le premier Kojima que j'ai fait sérieusement - parce que les dialogues des Metal Gear Solid que j'ai essayé auparavant m'ont toujours un peu saoulé (mais chuuut). Plus beau qu'un road trip en Bretagne, un jeu d'acteur en Motion Capture digne d'Hollywood, une histoire dramatique qui prend aux tripes, des mécanismes de gameplay profonds. Véritable pied de nez à
Konami ainsi qu'aux détracteur des jeux en monde ouvert dont je fais(ais) partie : Hideo Kojima a réussi à me faire vibrer en me faisant incarner un coursier du futur qui doit simplement livrer des colis. Je n'y aurais pas cru moi même mais c'est tellement beau et bien réalisé que j'ai eu un instant l'envie de
m'acheter un tricycle et d'aller postuler chez Chronopost. Comment donc réussir à captiver les joueurs pour leur effectuer des dizaines d'aller retours entre deux PNJ ? En introduisant des récompenses mais aussi du risque lors de chaque nouvelle livraison : entre les voleurs de cargaison et les pluies toxiques faisant apparaitre de mystérieux esprit, mon coeur a battu la chamade, me faisant oublier que tout ceci n'étaient que des images sur un écran. Le tout se déroule bien entendu sur fond de recherche génétique et psychosensorielles basée sur le lien affectif entre adultes et bébés humains. La bande son est géniale. Une claque, un chef d'oeuvre,
je lui colle six étoiles sur cinq sans hésiter une seconde. Et dès que je le termine, je me lance un peu plus sérieusement dans les Metal Gear Solid !