mardi 10 mars 2015

[Test] Under Night In-Birth Exe : Late (PS3)

Un lundi soir banal parmi tant d'autres. Vous sortez du travail et vous vous hâtez de longer les quais du fleuve, pressé(e) de rentrer chez vous, où un délicieux bento vous attend, miam. La nuit, déjà tombée, semble différente de d'habitude. Perdu(e) dans vos pensées,vous passez à coté de ce gars qui attendait là. Ce dernier vous interpelle, il vous explique qu'il aimerait bien que vous vous soumettiez à sa volonté et que vous changiez de direction, juste sous prétexte qu'il prétend être vachement costaud. Pas contrariant(e), vous voulez bien éviter la bagarre et passer votre chemin. A condition qu'il retire de son discours l'affirmation comme quoi sa musculature débordante le rend plus fort que vous. Refus catégorique : mais pour qui se prend-il ce gros plein de muscle ? La goutte d'eau fait déborder le vase, il n'en faut pas plus pour que vous sortiez votre lame hyper aiguisée de son fourreau! Bienvenue dans la réalité des personnages de (attention-retenez-votre-inspiration) Under Night In-Birth Exe : Late (vous-pouvez-souffler) un jeu de fighting 2D, où vous pourrez exprimer vos pulsions violentes dans un titre 100% arcade nippone !


Des promesses tranchantes



Waldstein, ancien serviteur de Licht Kreis
UNIBEL (c'est plus simple comme ça, non ?) ne propose pas moins qu'un jeu en 2D à l'ancienne agrémenté d'une touche de visual novel. C'est en effet la signature de French Bread, un studio ayant fait ses premiers pas dans le milieu amateur ("doujin") rendu célèbre pour avoir créé Melty Blood. L'idée est louable car la partie scénaristique est bien souvent sous-développée dans les jeux de baston. UNIBEL met donc en scène une affaire de traque entre deux factions oposées : les "Void" et les "In-birth", qui ne peuvent se rencontrer pour combattre que lors de nuits spéciales, appelées "Hollow Night". Bien entendu un grand méchant s'empare d'un pouvoir sans précédent et le joueur aura pour mission de l'arrêter. J'ai trouvé cette histoire complètement décousue, on comprend difficilement les enjeux des combattants, et le tout se déroule sous nos yeux par une succession d'images fixes illustrant les dialogues des protagonistes. Peut mieux faire... On peut donc dire que cette partie visual novel ne tient pas du tout sa promesse, car au final il ne fait pas mieux qu'un bon vieux Art Of Fighting ou Fatal Fury, de vingt-cinq ans son aîné. Heureusement, on découvre bien vite que sur le plan de la baston à proprement parler, Under Night s'avère beaucoup plus solide. Graphiquement, l'habillage mise sur la sobriété : les décors nocturnes urbains mettent en valeur les fluides animations de combattants. Ce choix graphique léger facilite la lecture de l'action, bien souvent pénible à suivre dans les jeux 2D trop fluides.
     Un style épuré, des mouvements bien découpés, une lecture de l'action claire : French Bread maitrise le sujet et évite une surenchère d'effets nuisibles au gameplay. Une surenchère trop souvent utilisée dans certains titres du genre sacrifiant la lisibilité du confondant au profit de l'esbrouffe visuelle (qui a dit P4G ?). Avec de tels atouts, UNIBEL fait la part belle à un jeu technique, profond et définitivement fun.

Le plaisir avant la technique



Le style visuel général est très agréable à regarder
La technique, c'est un peu ce qui va séparer les jeux de baston en deux catégories. Les pros du sticks cracheront sur les "button smashers" (genre MvC 3) en se gaussant de one-créditer KOF95 avec une seule main, pendant que les joueurs en quêtes d'amusement s'éloigneront rapidement des jeux trop exigeants comme type Street Fighter 3.3. Ayant personnellement une tendance à être assez mauvais en technique et apprentissage de combos, j'ai eu l'agréable surprise de prendre du plaisir très rapidement dans Under Night sans forcément avoir l'impression de jouer au clickodrome aveugle. J'ai trouvé le système de combo facile à assimiler, car il ne se joue que sur 4 boutons (école NeoGeo) : coups faible / moyen / fort pour A,B, C et le bouton D sert aux déclenchements des parades et des furies. Il est accompagné par un système de jauge inédit qui permet de pimenter les matchs sans les déséquilibrer. Ca fonctionne très simplement et c'est super efficace :
- une jauge d'EXS, qui une fois pleine permet de déclencher le coup ultime en faisant un demi-cercle bas + D.
- une jauge de GRD qui elle se remplit d'un cran toute les 15 secondes en départageant les adversaires avec le nombre de coup portés / parés
- quand on encaisse un coup, la jauge d'EXS monte. Quand on porte/pare un grand nombre de coups, la jauge de GRD grossit. En appuyant deux fois sur D, la jauge de GRD va être purgée pour remplir significativement sa jauge d'EXS.
Mieux foutu qu'un SFIV à mon goût. Et cela présente l'avantage de lisser l'avantage lié à la différence niveau entre deux joueurs. D'autant plus que les rebonds au sol et sur les bords des arènes sont limités de façons à éviter la désagréable sensation de n'avoir aucune chance de s'extirper d'un interminable combo de l'adversaire. 
     Seul regret qu'on pourra adresser au gameplay de UNIBEL : malgré la présence d'un mode training, aucun tutorial n'est présent pour expliquer ces mécanismes de jeu. Il faudra donc trainer sur le net pour visionner une vidéo d'explications des créateurs ou trouver un guide de jeu.

Du bourre-pif, mais pas que !


16 persos sont présents dans cette version
La bonne surprise, c'est qu'UNIBEL dispose de bien d'autres atouts qui améliorent l'expérience de jeu générale. Par exemple les 16 personnages jouables, tous aussi réussis. Chacun possède son style, son stage et sa musique propre (genre liquid drumn'bass). Le roster est soigné car cette version PS3 correspond en fait la dernière mise à jour du titre, qui tourne dans les salles d'arcade nippones depuis 2012 sur bornes SEGA. On bénéficie donc de personnages supplémentaires et d'un équilibrage au petits oignons. Cette version offre également plusieurs modes de jeux permettant de varier les plaisirs et d'offrir un peu plus de challenge : score attack, time attack, et survival. La meilleure surprise à mon goût reste la qualité du netcode. Alors que le mode réseau de SF3.3 basé sur GGPO m'infligeait des resynchronisations régulières malgré une connexion en ADSL2+, UNIBEL réussit le tour de force de fournir une expérience réseau fluide même sur... une connexion 3G partagée via un téléphone ! Incroyable mais véridique.

Conclusion


Oubliez l'argument marketing du visual novel, et prenez Under Night Night In-Birth Exe : Late pour ce qu'il est réellement : une oeuvre s'inscrivant dans la pure tradition des jeux de combat 2D, habillé de graphismes hi-res de bon goût et doté de mécaniques de jeux modernes et efficaces. Accessible, équilibré, mature, UNIBEL est un titre sain, qui saura certainement laisser son empreinte dans l'histoire de la baston 2D. Avec une réalisation irréprochable, un netcode bluffant, nul doute qu'il s'imposera en tant que digne héritier des sagas qui ont fait la gloire de SNK il y a 25 ans.


On aurait aimé :
Un story mode qui tient la route
Un mode tutoriel expliquant les bases

On aime :
Le style graphique maîtrisé
Le classicisme modernisé
La qualité du netcode
L'accessibilité du gameplay

Verdict :


MENTION HADOUKEN !
NB : Le jeu est trouvable en version physique Fr, et en version dématérialisée sur le PSN.
NB2 : Vous pouvez également retrouver l'avis de Inod sur le site GamingWay.fr

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