mercredi 23 décembre 2015

[Test] Yakuza 5 (PS3)

Trois ans. il aura fallu attendre trois longues années et d'innombrables pétitions et lettres de fans pour enfin voir le miracle apparaitre : Ryu Ga Gotoku 5, aka Yakuza 5 par chez nous, est enfin localisé et disponible sur notre continent ! Bien entendu comme il s'agit d'une release d'un titre développé il y a 3 ans, c'est uniquement sur... PlayStation 3 - quand je vous disais que cette petite console était loin de mourir ! Bref, ressortez moi cette machine de votre placard, nettoyez votre disque dur pour me faire au moins 45GO d'espace disque et filez sur le PSN pour downloader ce jeu (pas de version physique pour cet épisode). En effet, si vous êtes tombé sur cet article, c'est que vous faites probablement partie de l'une de ces deux catégories : soit vous avez déjà touché à la série Ryu Ga Gotoku et dans ce cas vous êtes actuellement dans un état d'excitation euphorique (avec peut-être un download de plusieurs heures déjà en cours), soit vous découvrez par hasard cette saga, et vous essayez de comprendre la hype ambiante autour de cette sortie. Dans les deux cas, vous êtes au bon endroit puisque je vous livre ici mes impressions sur mon expérience virtuelle d'immersion dans le quotidien de la pègre japonaise : entre violence, argent et quête permanente du respect.

Des graphismes plus frais que tes sashimis


J'avais envie de commencer par quelques mots à propos du lifting graphique. Cette upgrade marque une rupture importante pour la série, puisqu'il est de notoriété publique que Yakuza 3 et Yakuza 4 étaient bâtis avec le même moteur 3D. C'est donc un tournant technique pour la série qui inaugure un tout nouveau moteur graphique. Avant même de démarrer une partie, ce lifting se ressent dans le menu d'accueil, qui perd son "effet PS2". Animé, sobre, et classieux, il donne une impression un peu plus next-gen que ceux des précédents volets : byebye vilain design oldschool ! Je vous entends déjà me dire : "ok, on n'est pas là pour parler des menus", mais ce menu à la finition exemplaire, a pourtant sa petite importance : étant la porte d'entrée de ce monde virtuel, je le vois comme le symbole du perfectionnisme qui a été insufflé dans le titre. Et l'autre information que l'on apprend avec ce menu, c'est que les DLC ont été intégralement inclus dans cette version. Oui, on peut remercier SEGA qui a eu la grandeur d'âme de ne pas nous réclamer ces petits euros supplémentaires pour les costumes et autres bonus qui améliorent l'expérience du joueur. Fair-play, surtout quand on constate que le jeu n'est vendu qu'à 39€ (33€ pour les membres PS+), prix day-zéro sur le PSN. Dernière chose remarquable de ce menu : il expose fièrement une entrée "online", affublée d'un logo "new", qui nous laisse comprendre qu'on pourra jouer en versus online aux jeux d'arcade embarqués (via l'usage de bornes SEGA Blast City virtuelles, nous y reviendrons). Confortablement installé dans notre futon, et un clic sur “new game” plus tard, nous assistons donc à la première cinématique. Comme le veut souvent la coutume, celle-ci est réalisée entièrement avec le moteur du jeu. C'est donc pendant une bonne dizaine de minutes de narration que l'on va pouvoir admirer le gap technologique. En un mot comme en mille : le rendu des détails est tout simplement impressionnant. Il faut dire que l'équipe de dev n'a rien fait pour s'en cacher !
"Ecoute moi bien petit, j'aime mes ramens chaudes, et pas tièdes, compris ?"

La modélisation des visages frappe par son exactitude : barbe de trois jours, plis dans la peau du cou et visages tannés des quinquagénaires nippons. Le rendu des textiles est très détaillé : on peut aisément remarquer la différence entre le tissus en soie de la cravate sur le tissus gaufré de la chemise qui l'accompagne (NDLR : il a la classe ce Daigo ! ). On distingue également le fil de couture qui fixe le cuir sur la semelle des chaussures. Ce sont trois exemples de finesse dans le niveau de détail qui m'ont émerveillé... parmi tant d'autres ! Alors bien sûr, tout cela date de 2012, et le prix à payer pour jouir de cette qualité graphique sur une PlayStation 3 est évidemment visible. Certaines textures sont parfois floues et les effets de crénelage (aliasing) sont omniprésents. Mais diantre ! Constater ces innombrables petits détails au milieu de l'activité fourmillante de Fukuoka, franchement, ça bute !


Un gameplay meilleur que tes ramens

Le mode taxi : idéal pour s'entrainer à passer son permis B.

Fukuoka est une ville de taille moyenne, traversée par une rivière paisible. C'est dans cette ville que le joueur va incarner Suzuki qui n'est autre que... notre cher Kazuma Kiryü, sous couverture anonyme, qui aspire à mener une vie paisible de chauffeur de taxi. Je vais m'arrêter là en ce qui concerne la trame narrative afin de ne gâcher aucun plaisir lié aux surprises scénaristiques. Sachez juste que le jeu permet également de visiter la ville enneigée de Sapporo ainsi que le centre d'Osaka. Côté déroulement, le fonctionnement général reste fidèle à ce que l'on connait déjà : entre deux chapitres/missions on effectue des tâches de la vie quotidienne comme aller au restaurant, se bastonner avec les racailles des rues, travailler en tant que chauffeur de taxi, etc... L'idée géniale du taxi, c'est que vous pourrez le conduire. Et qu'il y a plusieurs modes de conduite. L'un en mode "civil" où le but est de ne faire aucune collision, respecter les feux de circulation, ne pas brusquer les passagers... et l'autre en mode street racing, pour faire la nique aux petites frappes qui veulent se la jouer Initial D sur le périph' de la ville. Jouissif pour les fans du manga. La référence à Initial D ne s'arrête pas ici, puisque qu'il est carrément possible de lire les aventures de Takumi en s'arrêtant au rayon mangas de la supérette virtuelle du coin ! Et oui : il est possible de bouquiner in-game une quarantaine de pages des plus grands classiques du manga japonais (hélas en japonais non traduit). Idem pour les magazines. Kiffant et génial, encore une fois. Ce genre de détails d'intégration on en trouve à la pelle dans le monde open world de Yakuza, bien plus que dans les précédents épisodes. Et ces SEGA Centers aux enseignes démesurées ? Il est possible d'y attraper des lots dans le UFO Catcher, d'y jouer au jeu de tambours Taiko No Tatsujin ou de s'y défouler en maravant un adversaire sur Virtua Fighter 2. Oui, VF2 jouable, c'est tout un symbole, puisqu'il s'agit du jeu du fondateur de Shenmue qui se retrouve parfaitement émulé dans Yakuza 5. Un clin d'oeil qui pour moi est le signe que l'élève a dépassé le maître.










Dans la logique de lifting global, les appels téléphoniques sont maintenant beaucoup mieux intégrés dans les phases scénarisées. Ce téléphone portable qui était limité aux SMS peut maintenant envoyer des emails, et passer des commandes au supermarché... ce qui est fort pratique quand on a besoin de ravitaillement. On apprend avec plaisir que pour une fois, les mini-jeux ne sont pas censurés, les hôtesses sont donc de la partie, youpi. Côté système de combat, les animations ont été refaites. Plus précises, plus tranchantes, avec des effets de lumière retravaillés : le tout en ressort plus nerveux et encore un peu plus badass. Les combats qui s'achèvent sur un "finish move" sont une vraie extase visuelle. Un nouveau mode de rage fait son apparition en appuyant sur R2, et les QTE "Feel the heat" ne sont plus réservés aux seuls boss. Et si, comme moi, vous oubliez tout le temps d'upgrader vos caractérisques lors des montées de niveaux, sachez qu'une option de dépense automatique des points d'XP est dorénavant présente ! Au final, toutes ces bonnes idées ne sont pas fondamentalement révolutionnaires, mais elles forment, ensemble, un remaniement agréable qui contribue à chaque instant au sentiment d'émerveillement général lors de la découverte de Yakuza 5. Et pour ceux qui attendaient quelque chose de totalement différent : attendez vous à du lourd lorsque vous serez aux commandes d'Haruka, qui est plutot branchée streetdance que streetfight...

Conclusion


Au final que dire sur ce Yakuza 5 ? Entre un gameplay qui a fait ses preuves et un dépoussiérage en rofondeur, on peut voir en cet épisode autant un hommage qu'un tâcle à la carotide de Shenmue le vénérable ancêtre. La saga Yakuza, dont le premier volume n'était qu'un Shenmue-like en version cheap, dépasse enfin l'ancêtre en tous points : plus profond, plus riche, plus cohérent, plus réaliste avec des zones vastes et variées. Malgré l'âge, le nouveau moteur donne juste ce qu'il faut pour susciter chez le joueur un “effet waouh” qui donne envie de se balader à pied dans la ville plutôt que d'utiliser la navigation instantanée. Entre gangsters intraitables, civils désespérés et types louches, cette visite au coeur de la pègre japonaise se révèle particulièrement jouissive. J'ai adoré le scénario dramatique, l'humour omniprésent et je me suis régalé de cette alternance entre phases de beat'em up / phases d'aventure. Pour moi, c'est un “level up” réussi pour la saga phare du street fighting, même si, il est vrai, cet épisode reste bâti autour d'une recette classique. J'ai bien entendu bon espoir quant aux sorties de la préquelle Yakuza 0 dont la localisation a été confirmée par maître Sega et tonton PlayStation, et du remake fêtant les dix ans de la série : Yakuza Kiwami (sans oublier la suite Yakuza 6...).


Pourquoi la hype :
Le nouveau moteur 3D
Les combats bien nerveux et techniques
 L'exploration des villes japonaises
 Les possibilités d'interactions avec les objets
 Le mode online
L'OST toujours aussi magique
 L'énorme durée de vie
Vengeances, trahisons, et code de l'honneur... le scénario captivant!

Mes regrets
Quelques parties réservées aux japanophones :
Mangas et magasines en kanjis
Le minijeu d'échecs japonais

La note finale :


MON GOTY 2015 !

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