jeudi 30 juillet 2015

[Test] Hatoful Boyfriend (Vita / PS4)

"hatoful" : la traduction phonétique de "heartful" prononcé par un japonais est basé sur le mot 鳩 hato (pigeon) 
J'ai toujours détesté les pigeons. Enfin non pas toujours, en réalité c'est principalement depuis qu'ils ont réussi à atteindre cette délicieuse barquette de frites ketchup que je dégustais en plein centre ville. Remarquez y'a plein d'autre raisons pour détester les pigeons : qu'on se le dise, ces volatiles ont à peu près autant de charisme que d'intelligence. Et contrairement à leurs cousins les poulets, qui ont au moins le mérite d'être absolument délicieux une fois passés au grill, leur chair serait toxique pour la santé (selon certaines source). Mais si cette race ailée a ses détracteurs sachez qu'elle a aussi ses fans. Les amoureux du pigeons vont les nourrir, parfois les élever dans une volière, ou créer une association de défense animale, voire même créer un jeu vidéo totalement WTF sur ce thème. Vous ne me croyez pas ? C'est pourtant véridique, et c'est même Devolver Digital qui a accueilli sous son aile d'éditeur le plus reb'aile rebelle du siècle ce projet aussi farfelu que nippon (des oeufs). Ben oui, forcément avec un concept aussi délirant, c'est forcément un peu nippon. Mais revenons à nos pigeons : c'est donc sorti sur PS4 et Vita (en cross buy tant qu'à faire, histoire ne ne pas pigeonner les joueurs) et c'était l'occasion rêvée de me réconcilier avec cette espèce. Bref, voici mon avis sur Hatoful Boyfriend !

"Chope De La Volaille Simulator"


HARCELEMENT DE RUE INCOMING
Comme dans tout bon dating-sim qui se respecte, l'aventure commence par la présentation du magnifique lycée dans lequel on va évoluer. Nous voilà donc débarquer au sein de Saint-Pigeonation, l'établissement le plus prestigieux du pays et même du monde. En même temps, vous avez déjà vu un visual-novel jap' qui prend place au lycée pro de la ZEP de Saint-Glinglin-Les-Mines ? Non et c'est donc grâce à l'élitisme nippon que l'on va démarrer la partie dans cette super académie. La création du personnage est rapide puisque l'on incarne impérativement un avatar de sexe féminin (avec le nom pour seule customisation possible). Pour résumait, le but du joueur sera donc d'exciter au maximum les mâles rencontrés, et peut-être réussir à faire fondre leur coeur. Qui dit dating-sim dit souvent perversion, alors jouer une allumeuse, pourquoi pas! A part ça, tous les clichés du genre sont bien entendu respectés bec et ongles. Le jour de la rentrée des classes est l'occasion de retrouver un ami d'enfance, le professeur principal propose de participer à des activités extra scolaires, et la jeune fille que l'on incarne est d'une docilité déconcertante (comme par hasard). Mais ne nous méprenons pas : si Hatoful Boyfriend reprend ces éléments canoniques, ce n'est certainement pas à cause d'un manque d'imagination. C'est purement et simplement une parodie des scénarios d'un genre qui peine parfois à se renouveler  en dehors de la perversité des situations mises en scène.

Un véritable m'aile-o-drame ?


Hatoful Boyfriend expliquera au joueur les rudiments de la virilité masculine.
Là où un obscur bishōjo gēmu va se révéler grossier Hatoful Boyfriend arrive à distiller un équilibre délicat, en s'abstrayant du coté sexuel. Le fait que tous les personnages, exceptés votre avatar, sont en fait des pigeons dénués de toute attitude libidineuse aide beaucoup. Ainsi, le jeu est donc recommandable même à un enfant de 12 ans et c'est pas moi qui le dit, c'est PEGI 
(mais non pas Peggy la cochonne...) Même lorsqu'un vieux professeur va se livrer à quelques attouchements sur une petite lycéenne à peine mûre, cela transparait de manière touchante. Mieux encore : plutôt que de susciter notre intérêt en évoquant quelques relations malsaines, la psychologie de ces pigeons amène en fait à construire un émouvant lien avec ces PNJ aviaires, grâce à des histoires personnelles assez bien écrites. Cet équilibre revêt bien souvent une tonalité de comédie dramatique. Je ne savais pas, par exemple, si je devais rire ou pleurer en apprenant que mon meilleur ami, le pigeon biset (aka pigeon voyageur) se travestissait et vendait son corps afin de payer des soins et sauver sa maman hospitalisée. On est d'accord, dit comme ça c'est horrible, mais la manière dont sont présentées ces situations graves est en tel décalage avec la réalité que cela les rend cocasses... Au passage, j'ai trouvé la traduction française excellente : ayant fini l'aventure déjà trois quatre fois, je me suis régalé des innombrables jeux de mots, découverts à chaque nouvelle partie. Le joueur averti ne s'y trompera pas : l'humour dans Hatoful Boyfriend est un humour très fin. En revanche, pour être honnête, c'est court. J'ai mis trois heures pour finir un premier run, et environ 45 minutes pour refaire les runs suivants, grâce à la fonction de défilement automatique. Surtout que coté technique, il ne faut pas en attendre plus que dans un doujin moyen : pas de mini jeux, des interactions se limitant au dialogue, et des effets spéciaux en deçà de ce qu'on peut trouve dans un Tokyo Twilight Ghost Hunters par exemple. C'est toutefois beaucoup plus fun que TTGH ! Notons quand même la présence d'un petit bonus déblocable, petit à petit, après chaque run (un run visant à séduire un nouveau PNJ le jour de la "Saint-Céréalin"). Il semblerait en effet que l'intégralité des bonus récoltés offre la réponse aux questions que tout joueur de Hatoful se posera forcément un jour :
- pourquoi notre avatar est il resté sous forme humaine ?
- comment les pigeons en sont-ils arrivés à être la race dominante au sein de la société ?

Conclusion


Pour finir, je dois avouer que le studio de PigeoNation Inc. a réussi son pari : même si je les trouve toujours aussi c..., je vois aujourd'hui les pigeons et autres tourterelles d'un oeil différent ! Ce jeu m'a appris que ces petites bêtes ailées que je considérais autrefois comme des nuisibles au QI proche de celui d'un petit pois, sont également de véritables êtres civilisés, au destin touchant. Le scénario délirant et l'écriture soignée de Hatoful Boyfirend m'ont vraiment plu. Les sous-entendus ne sont jamais trop graveleux, et les histoires de romances qui se construisent avec les PNJ extravagants restent aussi touchantes qu'intrigantes. L'humour est omniprésent, que ce soit au travers des jeux de mots ou de la mise en scène. Alors oui, l'histoire est un peu courte, la replay value est moyenne, mais le tout est suffisant pour s'amuser et s'occuper durant une dizaine d'heures, grâce aux différents chemins du scénario qui révèlent de nombreuses surprises. Si après une journée de boulot, il est parfois difficile de se plonger dans un visual novel, Hatoful Boyfriend ne fait pas partie de cette catégorie. Accessible et rafraichissant, si vous aimez les OVNI vidéoludiques, je ne saurais que trop vous conseiller de mettre la patte sur ce titre ! 

On aurait aimé : 
Un scénario un peu moins linéaire.
Une histoire un poil plus longue.

On a adoré :
Les dialogues délirants 
L'émotion dégagée par cette romance
Les PNJ élevés en plein air.

La note finale :

PAS POUR LES POULES MOUILLEES !

Dispo en cross buy sur le store PSN et sur Steam.


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